Carnet de voyage en Antarctique

Mise à jour: 22 juillet 2006

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Le but de ce récit est de vous faire partager ce que j’ai vécu et vis à l’heure où j’écris ces lignes en ce lieu symbolique qu’est la base française Dumont d’Urville, située sur l’Île des Pétrels dans l’archipel de Pointe Géologie, à quelques encablures du sixième contient, à savoir, l’Antarctique. Ce voyage et cette aventure dureront treize mois, depuis le 3 décembre 2004. Je passerai ainsi deux noëls et fêterai deux anniversaires, en compagnie de 25 autres "hivernants ".

Bien entendu, je n’ai pas relaté de manière exhaustive tout les évènements qui se sont déroulés durant cette hivernage, auquel cas ce récit ferait sûrement la taille d’un annuaire téléphonique ! Je suis également en correspondance avec différentes écoles. Les questions/réponses que nous avons échangées se trouvent en fin de ce récit. Cette expédition est la 55ème, et donc nommée selon la tradition : "TA55 ", depuis la création de la base, par Paul Émile Victor en 1956.

 

Matthieu Weber.                   

                 

3 décembre 2004, le grand jour :

Le réveil sonne à 4H20 du matin dans ma chambre à Brest et, à mon grand étonnement, j’ai réussi à passer une nuit calme malgré l’énervement (compréhensible !) des jours précédents. Une telle aventure qui se prépare, ne peut laisser personne indifférent ! Bientôt, j’embarque dans l’avion de 6H30 pour Paris avec Dominique Fleury, mon chef de laboratoire et quelques autres collègues. Passé 45 minutes de vol sans histoires, à Paris, nous retrouvons tout les autres hivernants et une partie des campagnards d’été qui partent avec nous ce jour. Pour le moment, je ne connais pas grand monde, mais maintenant que je suis depuis deux mois ici, cela me fait drôle de constater que j’ai voyagé "anonymement " avec des personnes qui me sont si familières maintenant. A Paris, je retrouve Caroline qui sera la chef du laboratoire de géophysique de la base. Mais le temps passe très vite : déjà l’annonce de notre vol de 13H10 à destination de HongKong est faite, mon frère Thierry passe me voir quelques minutes avant l’embarquement… Derniers instants en France…

Le voyage se passe sans histoires, mis à part le vacarme infernal des moteurs – je suis tout au fond l’appareil – m’empêchant de fermer l’oeil. 11 heures de vol et 7 fuseaux horaires plus tard, nous voici dans le gigantesque aéroport de HongKong, situé depuis quelques temps à l’extérieur de la ville. Il est monstrueux tant par sa taille que par la difficulté que nous avons le soir même pour retrouver la porte d’embarquement ! En attendant je pars avec Caroline faire un tour en ville. Après des tours (et des détours) en bus, nous arrivons dans ce que je pourrais décrire comme une immense ville faite de petit immeubles et garnies de buildings, répartis en îles montagneuses, le tout baignés dans une atmosphère chaude, humide et pleine de senteurs suaves qui me rappelle le climat hawaiien. En fait, HongKong ressemble en beaucoup de point de vue à la capitale de l’état hawaiien, Honolulu, mis a part que cette fois ci, L Sommet du "Great peak ", HongKong l’urbanisation y est au bas mot, quatre fois plus importante. D’ailleurs, la pollution suit cette même logique… La métropole plantée sur son archipel est immense mais nous arrivons à croiser 3 fois de suite des collègues partant avec nous pour le grand froid. Nous finissons de visiter une partie de la ville avec eux, notamment l’ascension du "Great Peak " offrant, malgré une importante brume de chaleur, et sans doute de pollution, une superbe vue sur tout l’archipel ville. Une traversée à l’aide d’un bac nous amène dans un Hong Kong plus "traditionnel " ressemblant plus à ce je m’imagine d’une ville japonaise avec ses imposantes façades criblées d’enseignes néons écrasant la dense foule grouillant dans les rues. Tout cela s’oppose aux gratte-ciel et autres décorations sobres et spacieuses en granit poli typique des "Trade Center " propres aux grandes villes américaines. Nous rentrons vers 6H, épuises par cette journée, les heures passées dans l’avion et le décalage horaire. Je garderais de cette grande ville un souvenir mitigé, une cité a la fois vivante et situé dans un cadre agréable mais aussi oppressante par sa densité de population et ses immenses tours qui de par la taille de leurs fenêtres, correspondent parfaitement la définition péjorative de "clapiers " dont elle sont parfois affublées.

 

4 décembre 2004, en route pour l’Australie :

Très tôt ce matin, peu après minuit, nous décollons pour Sydney. Le voyage dure 8H30 et les conditions météorologiques exécrables obligent le pilote à effectuer des manœuvres singulières pour prendre de l’altitude : Il réduit les gaz puits les remet et ainsi de suite. Cela créé des effets de cisaillement, comme si l’on passait dans un "trou d’air ", impressionnant ! T Nous prenons le cap vers le sud-est, avalant 3 autres fuseaux horaires, sautant l’équateur. Pendant ce temps je réussis à dormir je pense, un peu moins de 4 heures. Finalement, je me réveille avec un sentiment étrange : Je me rends compte que je ne suis pas dans ma chambre à Brest, mais dans un avion, le moniteur devant moi montre que ne nous survolons l’Indonésie ! Mince, je réalise que je suis parti pour une année en Terre Adélie, sur l’Antarctique ! Le reste du vol se passe en toute tranquillité, nous arrivons à Sydney dans la matinée.

De la capitale intellectuelle et artistique de l’Australie, je ne la verrais que par les hublots lors de l’atterrissage. Notre avion pour la Tasmanie décolle dans à pêne 2 heures, le temps de sauter dans une navette qui longe les pistes et divers hangars abritant des avions de toute sortes pour finalement rejoindre le terminal 1. Deux heures de vol plus tard, nous somme accueillis par l’équipe sur place en Tasmanie, et un bus nous conduis jusqu’à l’Astrolabe, amarré au port de commerce. Il fait plutôt frais, le vent et la fatigue aidant sûrement, mais le paysage est agréable : beaucoup de verdure, le bord de mer et la lumière rasante du soleil qui teinte le ciel de couleur ocre.

 

6 décembre 2004, petite visite des environs d’Hobart :

Au petit matin, après avoir passé une nuit entrecoupé de réveils à maintes reprises par les effets du décalage horaire, je fais une excursion à l’est de Hobart pour visiter le jardin botanique et ainsi profiter une dernière fois des essences que la nature peu nous offrir ! Je ne suis pas déçu : le jardin est remplis d’odeurs suaves et parfumées, tandis que le calme des lieux contrastent avec l’animation qui règne dans la petite citée. A Claire Caroline et moi ; l’Astrolabe en arrière-plan Après le repas du midi prit à bord de l’Astrolabe, je pars avec Dominique de l’autre coté de la ville suivre la cote ouest. Cette dernière nous fait découvrir quelques plages et une multitude de maisons au formes et couleurs fantaisistes qui constituent les faubourgs de la ville australienne. Nous voici de retour sur l’Astrolabe, peu après le dîner de 19H passé dans l’excellent restaurant grill "Balls & Chains " situé sur le port.

Les effets secondaires du patch que nous utilisons contre le mal de mer se font sentir sur les premiers à l’avoir mis en début d’après midi : Caroline et Tatiana. Elles ont toute deux les pupilles dilatées et la gorge sèche. Le patch est à appliquer quelques heures avant de prendre la mer. Certes la grande question qui se pose est : "Est-ce que je serais malade si je ne met pas de patch ? " Je ferais le test lors du voyage de retour, mais pour l’heure, appliquons le principe de précaution ! Didier le médecin, le suivant sur la liste a, pour le moment, une de ses pupilles complètement dilatées, l’autre étant normale ! De notre coté, rien pour le moment, j’ai mis le patch vers 16H, mais maintenant je sais ce qui m’attend... Après le repas, les moteurs de l’Astrolabe sont mis en chauffe : le départ est imminent. Nous montons sur le pont arrière tandis que l’équipage ukrainien largue les amarres. Le navire sort de l’immense baie d’Hobart en une demi-heure, à la vitesse de 7 nœuds, nous sommes accompagné d’un bateau pilote qui ne reste pas bien longtemps avec nous, la baie d’Hobart étant immense, tout en ne présentant que peu de haut fonds vers la fin de l’estuaire. Pendant la traversée de la baie, profitant des couleurs chatoyantes du coucher du soleil, nous prenons quelques superbes photos avant d’aller nous coucher, fatigués du voyage, et la nuit rendant bien vite toute prises de vues impossibles. Ouest de Hobart, quartiers résidentiels Dans la cabine, le léger bruit des groupes électrogènes est maintenant submergé par le brouhaha des moteurs et les différentes résonances du mobilier de la cabine. Cela ne m’empêchera finalement pas de m’endormir rapidement et même de passer une très bonne nuit comparée à ces derniers jours.

         

Les effets du décalage horaire s’atténuent... La mer est très calme, même après que notre bateau se soit engagé en pleine mer. Un champ anticyclonique de 1015 hectopascals nous préserve pour le moment des vents et de la houle. Je partage ma cabine avec Benjamin, un jeune psychologue chargé de recueillir les impressions des anciens hivernants de la 54eme expédition en Terre Adélie, et Borge, un Norvégien venant pour la campagne d’été afin d’étudier les oiseaux à Dumont D’Urville. Il est accompagné d’Ollivier, un autre ornithologue.

 

 

7 décembre 2004, 2700 Km à 12 nœuds :

C’était donc ma première nuit en mer… Dans l’hémisphère sud ! Finalement bercé par le doux ronron assourdissant des diesels, je me fais réveiller vers 4 heures du matin par un fort roulis. Mon matelas et moi glissons allègrement de haut en bas dans le lit à manqués, ballottés aux grés de la houle. Parfois au roulis et au lacet s’ajoute le tangage et C Baie d’Hobart au soleil couchant Passerelle de l’Astrolabe par 4m de creux j’ai la désagréable impression que mon estomac effectue des huit !

Heureusement, cela ne m’incommode gère et le reste de la nuit se passe sans histoires. Le matin, peu de personnes ne manquent le petit déjeuner, mais dans la journée, une bonne partie des personnes restent cloîtrées dans leur cabines, soit par la fatigue des jours précédents, soit par le mal de mer ; (cette dernière hypothèse supplantera progressivement la première au fil du temps). La matinée est marquée par le vol de 4 albatros tournant autour de notre bateau, dans une mer houleuse, par 46° de latitude sud. Au début de l’après midi, le temps devient brumeux, notre bateau file maintenant sur une mer d’huile à 12 nœuds. Étrangement, celui-ci se prend de temps à autre à tanguer malgré le calme apparent de la mer. A ce train là, les 2700Km devraient êtres parcourus en 4-5 jours. En fin d’après midi, le soleil perce à nouveau mais la mer reste assez calme. Nous sommes toujours dans un champ de hautes pressions de 1021 hectopascals.

Le temps devrait bientôt se gâter quand nous aurons quittés cet anticyclone, dans les 50eme hurlants. Mais nous avons déjà de la chance : il est déjà arrivé que le bateau soit pris dans les remous d’une dépression, dès sa sortie d’Hobart !

 

9 décembre 2004, 55°S : les pommes sont les bienvenues ! :

La température depuis Hobart s’est bien rafraîchie, passant discrètement de 25° à… 5° ! Nous venons de franchir la zone de convergence où l’océan pacifique laisse la place aux eaux plus froides de l’océan glacial antarctique. J’ai pris l’habitude de rédiger ce récit sur le pont arrière de l’Astrolabe, malgré le froid qui commence à se faire sentir, je me sens plus à l’aise au grand air pour fixer l’écran du PC portable car la mer se fait plus agitée : nous naviguons avec 3 mètres de creux. Le capitaine nous a dit avoir affronté l’océan Antarctique avec des creux de 15 mètres !

 

Je n’ose imaginer dans quel état se sont retrouvés les passagers ! Il ne faut pas perdre de vue que ce bateau n’est absolument pas été conçu pour contrer le roulis et le tangage. L’astrolabe mis en service dans les années 80 devait tout d’abord servir à la maintenance auprès des plateformes pétrolières Norvégiennes. Sa coque renforcée, relativement plate, destinée à briser la banquise d’épaisseur modérée (jusqu’à 1m50), le rend instable dès que le temps se dégrade. Finalement nous quittons l’anticyclone pour rentrer dans un champ de basses pressions. Le vent ne devrait pas en principe être trop violent car sur la carte météo, les isobares de pression ne sont pas très rapprochées. Pour l’heure, peu de personnes sont malades, mais une bonne partie des passagers dorment, sans doute dus au patchs contre le mal de mer. Une autre reste accaparés par les vidéos lues sur le lecteur DVD du salon.

Cette nuit même, aux alentours de 4 heures, la mer grossit passant à des creux de 4 mètres. Par précaution, je cale mon PC portable contre mon lit car celui-ci était pausé L sur ma valise, elle-même posée sur le sol de la cabine. Bien m’en a pris, car peu de temps après, un fort coup de roulis fait littéralement voler ma valise en plein milieu de la cabine. Naturellement, cette dernière était restée ouverte, me permettant de faire un inventaire exhaustif de mes effets personnels au beau milieu d’une nuit agitée. Le bruit que fait la structure du bateau lorsqu’il encaisse les vagues est impressionnant : On se croirait à bord d’un vieux gréements à l’accastillage grinçant, craquant sous les assauts des éléments. Ce midi, le gîte mètre a dépassé allègrement les 20°. L’équipage, des Ukrainiens, sont assez discrets et peu causant, sans doute du à leur manque de maîtrise de l’anglais. Néanmoins, ils sont sympathiques nous servent un excellent repas.

…Du moins pour ceux qui se sentent d’attaque ! Malgré le fait que le carré où nous nous restaurons se trouve au plus bas du navire, il me semble que c’est l’une des parties les plus agitées du navire. Finalement, quelques personnes renoncent à prendre leurs repas et ne sortent de leurs cabines que pour aller rendre une bouteille d’eau et quelques pommes, avant de se terrer à nouveau dans leurs cabines. En fin de journée, Jonathan, Caroline et moi visitons les cales arrière du bateau. Bien sur, celles-ci sont immenses, mais je ne pensais pas à tel point : une pièce d’au moins 10m de large sur 30 de long, remplie par près de 900 tonnes de fret ! J’aurais l’occasion de les revoir, vidées lors de la rotation suivante du bateau en janvier. Arrivée dans le "Pack " de glaces dérivantes

 

12 décembre 2004, Arrivée à Dumont D’Urville dans l’après midi :

Au loin se dessine la silhouette du continent. Nous pensons d’abord voir des nuages tellement celui-ci paraît laiteux. Quelques heures plus tard, l’Astrolabe vogue dans une mer calme, tout en slalomant parmi les immenses icebergs jalonnant notre route. Le continent se rapproche, immensément grand, laissant apparaître un dénivelé important. Plus tard, à demi caché par les blocs de glace balancés par les vagues, quelques points noirs se distinguent de la pente enneigée du continent : il s’agit de la base de Prud’Homme, un avant poste au départ du Raid vers le dôme C. Bientôt un mât d’antenne, qui, je l’apprendrais plus tard, est surnommé le "mât Iono ", apparaît derrière une énorme masse de glace, il s’agit d’une construction anciennement utilisée pour faire des mesures dans la ionosphère, et servant actuellement de relais VHF pour la base Dumont D’Urville. L’île des Pétrels, sur laquelle sont juchés les bâtiments formant la base nous apparaît soudainement au détour d’un gigantesque glacier, l’Astrolabe. Nous pouvons voir un bâtiment à deux étages, le seul, que les hivernants surnomment le "42 ". Il s’agit du dortoir.

A côté de ce dernier, une dizaine d’autochtones nous saluent au loin tandis qu’un zodiac vient à notre rencontre pour guider notre navire dans le chenal encadrant le bord de l’île et la piste d’atterrissage. Cette dernière n’ayant jamais été achevée, car endommagée avant la fin de sa construction. Elle fut surnommée "le Lion " car un des îlots formant sa base s’appelait ainsi. D’autre bâtiments se détachent de la masse blanche : La centrale électrique et la station de pompage d’eau de mer, située au bord de l’eau. A Le continent Antarctique dans toute sa splendeur L’astrolabe finit sa course devant la banquise enserrant le Lion et l’Île des Pétrels.

       

Une fois le bâtiment amarré à l’aide de pelles mécaniques utilisées pour remonter les amarres, les rotations d’hélicoptère commencent, embarquant 6 personnes, y compris le mécanicien et bien sûr, le pilote. Celui-ci est expérimenté et ne tarde pas à emmener tout le monde, soit plus d’une trentaine de personnes en quelques dizaines de minutes, en plein centre de la base. Le temps est magnifique, le ciel, d’un bleu lapis-lazuli, est dénué de nuages, la douce chaleur du soleil sur nos vêtements masque toute sensation de froid, malgré la brise qui souffle du Sud. Je n’avais jamais pris l’hélicoptère jusqu'à présent, et malgré la durée extrêmement courte du vol, et le peu d’accélération ressentie au décollage, les sensations sont enivrantes, le paysage est magnifique. Pas une seconde pour prendre des photos, j’ai préféré profiter "humainement" du spectacle ! Sitôt sortis de l’hélicoptère posé sur la "dropping zone ", appelée aussi "DZ ", je suis littéralement étourdi par une multitude de sensations : Éblouis pas la neige, noyé dans le bruit de l’hélicoptère re-décollant aussitôt, finalement mon premier "vrais " contact avec la base est olfactif :

 

Cela sent le goémon, ou plutôt, je distingue, mes yeux s’accommodants de toute cette clarté, les excréments entourant les groupes de manchots Adélie juchés sur des monticules de cailloux, de part et d’autre dans la base. Ils sont plus petits que je ne me l’imaginais. Pas plus gros qu’un chat, certains dressés sur leur deux pattes, d’autres couvant leurs œufs à la manière des poules. Vers midi, au détour d’un iceberg, nous apercevons la base de Dumont d’Urville Mais… Comment décrire les lieux ? Je ne sais pas trop par où commencer ! ...C'est tout simplement impressionnant... immense, calme, silencieux… Les bâtiments sont bien plus grands que dans mon esprit. Le relief et la surface de l’île également, le somment culmine à près de 45 mètres, alors que je m’imaginais un bout de cailloux plat de 800m de long sur quelques dizaines de mètres de large… Il y a peu de vent sur l’île, il fait même chaud, l’air est tout de même à 5°C mais il est extrêmement sec, l’un compensant l’autre. En fin de matinée, nous recevons nos sacs de dotations ainsi que nos valises que nous entreposons dans nos chambres au dortoir.

 

Me voici l’heureux locataire d’un studio de 9m². La base se dévoile sous les pales de l’hélicoptère Aussitôt, le déchargement du matériel commence Le dortoir paraît bien grand, sans doute cela est t’il dû à la hauteur du plafond (pas loin de 3 mètres). Les chambres sont spartiates, excepté deux, situées aux extrémités du bâtiment. L’insonorisation de ce vieux bâtiment très proche du préfabriqué est quasi-inexistante, il incombe à chacun de ne pas déranger ses voisins. Le soir même, après le repas du soir je teste avec quelques collègues le billard de la bibliothèque qui jouxte la salle à manger. C’est l’occasion aussi de commencer les premières ballades et ainsi profiter des derniers jours du morceau de banquise attaché à notre île.

 

15 décembre 2004, au travail ! :

Il y à tellement de choses à découvrir ici que je n'ai même pas le temps d'envoyer des mails ! Ni même de penser réellement à prendre des photos. Paradoxalement, pour le moment je ne suis pas submergé par le travail, la "passation de pouvoir " avec l’hivernant de la "TA54 ", Cyril, se fait en douceur.

Cela contraste fortement avec la charge de travail conséquente que nous avions à Hawaii ! Cyril est l’ancien responsable du laboratoire de Géophysique où je travaille maintenant, Passé quelques jours dans ce nouveau monde, je peux dire que l'ambiance, le cadre de vie et les paysages sont vraiment grandioses. L’équipe semble sympathique, il fait a actuellement -3 C° mais l'air extrêmement sec permet de se promener en sweat polaire sans problèmes ! Cet air sec pose néanmoins quelques soucis au sujet de l’électricité statique. En effet, il n’est pas rare que le trajet de la salle de bain jusqu’à ma chambre située pratiquement en bout de couloir me charge suffisamment en électricité statique pour que ma main fasse un arc électrique de plus d’1 cm lorsque je touche la poignée métallique de ma porte, me filant par la même occasion une bonne châtaigne ! Cela peu poser (et posera) problèmes pour tout ce qui est des équipements électriques. Ce soir, le vent se lève, venant du continent au sud, l’air se refroidit aussitôt. I Caroline et moi, parés pour une première sortie Je parlais d’un "morceau de banquise " rattaché à notre île, en effet, la banquise s’est morcelée, éclatée en de grandes plaques dérivant maintenant à des centaines de Km des cotes.

 

C’est ce que nous appelons "la débâcle ". Le phénomène s’est déroulé en une nuit, deux semaines avant notre arrivée, conséquence d’une violente tempête. Aux dires des "anciens " et des personnes arrivées à la rotation R0, (un mois avant R1, c’est à dire : nous), cela a causé une certaine panique chez les poussins empereurs qui se sont retrouvés prématurément à l’eau ! Cela signifie aussi que l’Île des pétrels est redevenue …Une île, après 8 longs mois emprisonnée au milieu d’une immense mer de glace. Il reste encore quelques plaques de banquise suffisamment sûres pour nous permettre d’aller admirer le soir après notre travail, les colonies de manchots empereurs accompagnés de leurs petits, magnifiques, dans leur toison grise et blanche. Bientôt, les derniers restes de la banquise succomberont sous l’action des vents et du soleil réduisant inexorablement la couche de glace où se déplacent les manchots empereurs.

 

Au dessus de -10 , -15°C, la banquise commence à fondre… Mais trêve de rêvasseries, au travail : Nous avons participés aujourd’hui au remplissage des magasins de vivres en formant une chaîne humaine pour transférer les cartons de nourriture (œufs, fromages, lait, viandes…) depuis les cages palettes déposées par l’hélicoptère à quelques mètres de nous, jusqu’au fond des magasins. La vitesse à laquelle l'hélico débarque les caisses est édifiante : 15 secondes pour poser une cage palette, aucune sangle ne la retient, elle est simplement "posée " sur une fourche hélitreuillée ! Le décalage horaire avec la France est de 9H ; filant à la Gérance Postale, j'ai acheté une carte prépayée "Iridium ", pour pouvoir utiliser le réseau de téléphone satellite mondial et ainsi pouvoir donner de mes nouvelles. Les tarifs sont élevés : 30 euros les 20 minutes, avec 30 % de réduction le week-ends, principalement dû à la sur taxation en passant du réseau Iridium vers France télécom.

 

18 décembre 2004, mon premier service base :

Le service, la mise en place des tables, la vaisselle et le nettoyage des locaux communs est effectué par un binôme (ou un trinôme en été) pris parmi le personnel de la base. Aujourd'hui j’effectue mon premier service base avec Guillaume. L Nous avons du pain sur la planche : Près de 80 couverts pour le petit déjeuner, les repas du midi et du soir ! Même si ce n’est pas trop physique, il n’y a pas le temps de souffler ! Le service reprend à 16H30 avec le nettoyage du dortoir. A l’heure ou j’écris ces lignes, il est 14H, fin du service de midi, je vais aller me reposer un peu, d'autant plus que le temps est exécrable (tempête de neige) ce qui au fond n’est pas plus mal ! Cet hiver, nous auront entre deux et trois services base par mois. Au plus 24 "bouches à nourrir ", mais dans la pratique, généralement moins de 10 personnes viendront manger aux repas de midi (ballade, sieste ou travail oblige).

La charge de travail sans être trop faible, se révèle à la longue supportable, mais cela reste pour tout le monde une corvée ! Voici le planning d’une journée de service base en hivernage :

Généralement, le soir, les collègues donnent un coup de main pour finir la vaisselle. Le service se termine généralement entre 20H40 et 21H00.

 

29 décembre 2004, une nouvelle année qui s’annonce… fraîche :

Ainsi mon premier Noël loin des miens s’achève et bientôt la nouvelle année commence… Cela fait maintenant plus de 18 jours que j'arpente - sans relâche - les passerelles enneigées de la base Dumont d'Urville située au delà du 66eme parallèle, et en fait, "au delà du réel ", tellement le paysage est différent, grandiose, par rapport à tout ce que j'ai connu jusqu'à présent ! Malgré cela, le plus étonnant, c'est que je ne réalise toujours pas que nous sommes en Antarctique ! Malgré les colonies de manchots Adélie qui fourmillent autour des bâtiments, les icebergs, le froid la glace… Je pense que c'est le confort de la base, et toute cette aventure qui me fait oublier un peu cela. Le matin, je mets mon réveil à 7H15, comme le service du petit déjeuner se termine à 8H00. Le plus dur c'est le soir, pour ne pas oublier de se coucher, à 23H00 il fait aussi clair qu'en France à 16H00... Et à ce moment là nous ne ressentons pas la moindre fatigue.

Il y a 6 jours, le 23 décembre, je suis allé en hélicoptère avec Caroline sur la base annexe de Prud'homme située sur le continent, à 4Km de DDU, afin de réinstaller le PC gérant les mails de cette annexe. Cette dernière n'est ouverte qu'en été. La liaison réseau informatique est assurée par un pont radio WiFi. La production électrique est confiée à un petit groupe de quelques dizaines de KW. L’eau douce est fournie par un fondoir à neige, c’est à dire qu’il faut… Pelleter ! C’est donc la première fois que nous mettons les pieds sur le continent Antarctique.

Cette journée à la base Prud’homme était des plus ennuyeuse et monotone... Imaginez : Trajet de 4km en 3min d'hélico pour aller sur le continent, puis après avoir réparé l'ordinateur sur place, ce qui à été l’affaire d’une heure, nous avons fait du scooter des neiges (Skidoo) sur la pente du contient ! Quel spectacle et quelles sensations ! La petite bête peut monter à 130Km/h, mais nous nous sommes contentés d’un bon 40-50Km/h. Bref une belle petite ballade effrénée en Skidoo sur les 500 premiers mètres de la route du Raid c’est pas mal ! Il se trouve d'ailleurs que Caroline à très vite pris en main la motoneige et la conduit sacrément vite et bien !

Au final, j'y suis retourné le lendemain pour ajuster une configuration, mais nous avons dus aller vite car une dépression était annoncée, impliquant de devoir dormir là bas, faute de vols d’hélicoptères. La dépression n'est jamais venue ! Le paysage est superbe, la petite base de Prud’homme est fort sympathique quand il n’y a pas trop de mode qui y travaille.

 

30 décembre 2004, petite présentation de Géophy :

Au fil des jours je découvre avec intérêt que ma position d'administrateur réseau me permet de côtoyer pas mal de monde sur la base...

…Il faut dire que nous sommes quand même 60, et même 80 il y a encore peu. Que dire quand, au départ de la 4ème rotation en mars, nous ne seront plus que 26 personnes, perdus près du pôle Sud, vivant en peine autarcie pendant 8 (longs?) mois, dans la nuit polaire! Mais pour l’heure, parlons un peu de Géophy, un des trois laboratoires de la base, celui de Géophysique. Géophy est situé entre le dortoir et le bâtiment technique. Situé non loin du séjour, il permet à nos chers petit corps affamés de se substanter quelque peu.

Voici mon bureau, situé à coté de celui d’Henri, ci-présent, le "sismo-magne " Le "saint des saints " pour l’administrateur réseau : Le serveur informatique (SUN)...

…Qui marche parfaitement quand les fuites d’eau du toit ne viennent pas court-circuiter le clavier ! Le bâtiment souffrant quelque peu de fuites du toit passagères rafistolés en urgence au mastic silicone présente une surface non négligeable d’environs 150m² nous permettant de travailler dans un relatif confort, et d’héberger quelques malheureux sans bureau durant les campagnes d’été surpeuplées. Il faut dire que, fut un temps, le nombre de personnes travaillant à Géophy était de supérieur à 12. Nous ne sommes plus que 4; automatisation de certains processus oblige… Le volume des appareillages à également diminué, augmentant d’autant notre espace vital. Voici donc la composition de l’équipe pour cette année : Caroline, la "chef Géophy ", chargée des télécommunications sur la base, en somme, du téléphone. Elle à également en charge un marégraphe et un système de repositionnement de satellites, appelé DORIS qui fonctionne en GPS inversé. Elle s’occupe également des tâches administratives de Géophy : plannings etc. Henry, le "sismo-magne ", faisant les mesures du champ magnétique terrestre absolu et relatif et relevant les séismes arrivant à DDU de part le monde.

Jonathan, le "Lidar " s’occupe d’un LASER permettant de faire des relevés de composantes de l’atmosphère, principalement l’ozone. (En rapport avec la couche). Moi, qui suis responsable du système d’acquisition de rayons cosmiques RAYCO, des communications satellites, d’une station satellite d’imagerie des glaces, de la gestion du parc informatique et donc des mails, des onduleurs et du système de diffusion des alarmes. Je suis également celui que l’on surnomme "Darty ", c'est-à-dire le réparateur TV, Hi FI, Vidéo du coin. Et croyez-moi, il n’y a pas matière à chaumer ! Au final, je travaillerai conjointement avec Caroline, lui laissant quand même la charge des délicieuses tâches administratives !

Pour continuer avec Géophy, le bâtiment comporte également un atelier d’électronique, c'est-à-dire mon sanctuaire ; un laboratoire photo où j’apprendrais à tirer des photos ; un salon de thé, très chic, avec sa table taillée dans un énorme touret de câble électrique. Une salle commune pour consulter ses mails, un local musique qui finira en "salle hamac ". Une salle de Télécom ultrasecrète pour gestion du téléphone et des communications satellites. Et deux trois cagibis sans intérêts. DDU est un monde où les "anomalies " magnétiques du champ terrestre plongeant verticalement dans la terre non loin de là ne permettent de recevoir Radio France International (R.F.I.) que pendant 2 à 5 heures par jour, et ce, en médiocre qualité.

 

31 décembre 2004, la base Marret :

Les jours passent, et profitant de certaines réparations à effectuer, ma visite de la base continue avec notamment une baraque ensevelie sous la neige : La base Marret, premier bâtiment où 7 hommes courageux, il faut le dire, ont passés le premier hivernage sur le site des Pétrels. De nombreux repas festifs s’y sont déroulés au cours des hivernages précédents.

Bien sûr, il faut apporter son repas, un PC avec des enceintes et un chauffage ! Pour information, la toute première base permanente française construite en Antarctique, Port Martin, détruite par un incendie se situait à une centaine de Km à l’est. L La base Marret, un refuge chaleureux quand il est chauffé, équipé ultramoderne. Présentée par Dominique, mon superviseur Côté vent, cela frise de temps en temps l'apocalypse avec des rafales à 140Km/h, ...une broutille par rapport à l’hiver prochain... Le travail quotidien n'est pas trop dur, tous les 4 jours chacun de nous à une routine de mesure à effectuer sur le détecteur de rayons cosmiques RAYCO, nous nous relayons, Henri Caroline Jonathan et moi, maîtres du laboratoire Géophy.

Cette routine dure 3/4h et se déroule en 2 étapes: une à 9H (23H00 GMT), consistant à faire des relevés de pression, température... et une autre à 10H (00H00 GMT) où l'on rentre les données dans la base de donnée, envoyée tout les jours via la connection satellite "Inmarsat ". Je viens juste de m’inscrire dans l'équipe d'intervention incendie en tant que... " Équipe des manches à eau ", et également dans l'expédition de sauvetage dans le cas ou une personne se perd ou se blesse dans les vents catabatiques balayant de temps à autre la calotte glaciaire. Mais déjà hier, un grave accident à eu lieu la base de Prud'homme, suite à une chute de structure : Une luxation + fracture grave pour l’un, l'autre personne étant touchée aux cervicales, elle va se faire rapatrier par avion, à 10 h de vol d’un vrai "hôpital ".

En hiver, un rapatriement serait pratiquement (Et même certainement) impossible dus aux conditions climatiques !

 

 

16 Janvier 2005, le calme après la tempête : Baignade dans l’eau à –0,6C° :

Ici, la vie se passe tranquillement... (Presque un peu trop parfois) néanmoins, je ne trouve pas le temps de m'ennuyer. Je pense que tous nous attendons inconsciemment R4 pour démarrer (enfin) notre hivernage et vraiment nous encrer dans nos repères (je veux dire par-là, trouver nos habitudes, nos marques... Le "bon coté " du train-train quotidien en somme !). Cela ne nous empêche pas de faire quelque folie, du genre, se baigner dans une eau à … -0,6C° ! Henry et Loïc étaient les premiers motivés, je les ais suivis en curieux accompagné de Dominique, Thierry un jeune scientifique travaillant se le LIDAR et Jonathan. Devant la clémence du temps et l’absence de vent, je me suis laissé prendre au jeu…

Nous descendons au bord de l’eau à 500m du laboratoire Géophy, dans une petite crique faite de roches granitiques. Tout d’abord, en trempant mes pieds dans l’eau, j’ai tout de suite eu la sensation que je ne sentais plus mes pieds ! Je les ais ressortis de l’eau pour les réchauffer sur la roche noire chauffée au soleil, quelque instant plus tard, j’y retourne, m’aspergeant cette fois d’une eau dont chaque goutte est comme une morsure sur la peau. Me disant que repousser "l’échéance" est inutile, je me jette à l’eau, au sens propre du terme, et pars directement à la brasse sur la rive d’en face à 5 m de là. Je retourne derechef de l’autre côté après une courte pose, n’ayant pas réussi à respirer pendant que je nageais, tellement je tremblais de froid ! Une fois ressorti de l’eau, je n’ai pas froid, normal : Je ne sens plus mes jambes quand je les sèchent avec la serviette ! Il s’agit en fait d’une réaction normale du corps qui consiste à regrouper le sang autour des organes vitaux et donc de limiter la perte de chaleur de la peau en contact avec l’eau…

…Puis ma peau se met à picoter et à me brûler, j’ai des fourmilles dans les jambes, mais au final cela passe assez vite. I Un manchot Adélie salue notre courage (Ou notre folie ?) Finalement, une épreuve pas si terrible que ça, a condition de prendre ses précautions ! Nous faisons des ballades presque tout les soirs, l'île arrive encore à se rapetisser au grés des vents parfois assez violent qui déciment le peu de banquise restant, et pourtant épaisse de plus de 2 mètres. (Nous avons eu des rafales à 140Km/h il y a 2 jours). Le relief de l'île et les plaques de neiges subsistantes permettent de se livrer à des activités sympathiques comme la luge ! Le solstice s'éloignant, notre petit soleil se couche plus tôt, aux alentours de 23H00, les couleurs de la "nuit " sont magnifiques, tirant de plus en plus sur le violet foncé au fil des jours qui passent. Bientôt les premières constellations illumineront les longues nuits qui nous attendent. Quelques heures plus tard, à l'aube, le ciel se pare d'une teinte rose ambre tout à fait remarquable, qui contraste avec le blanc des "bergs" à l’horizon. Les nuits sont généralement ventées.

Malgré la température encore clémente au milieu de la nuit, il convient de bien se protéger du froid avec gants et écharpes ! Vivement le retour de la banquise...

 

23 Janvier 2005, la nuit polaire approche… :

Il ne fait pas encore, à proprement parler "nuit", mais vers les 23h00, quand le soleil s’est couché depuis un moment, le ciel s’obscurcit à un tel point qu’il nous faut maintenant allumer les lumières dans les bâtiments. Bien sur, les jours de mauvais temps, le phénomène est accentué. Dans quelques semaines, nos "journées " seront bien courtes, mais pour le moment, le soleil est bien présent pour nous éclairer, et même encore nous réchauffer.

Il y a 2 jours, j'ai sorti mon cerf-volant ! J'ai réussi à glisser sur la banquise en tennis sur à peu près 20m en faisant des 8 avec l'aile pour maintenir une traction constante !

 

27 Janvier 2005, à la pêche (aux moules ?) :

Hier soir, jeudi 26 janvier, nous sommes allés poser deux filets de pêche, et ce matin, à 8H00 nous sommes retournés les chercher, et là nous avons rencontré un vent glacial vent, de quoi geler un manchot ! Malgré le point GPS et les jumelles nous en avons perdu un, visiblement embarqué par un des nombreux bergs très joueurs, dérivants dans les environs. I H Cette pêche est bien sur à but scientifique. On trouve de drôles de bestioles par ici, notamment des vers, des éponges, du corail... et des oursins parés de protubérances ressemblants à des couteaux (l'animal). Ces spécimens seront étudiés par les ithiologues dans le laboratoire Biomar. Dans tout les cas, 3 poissons, 1 oursin et 5 étoiles de mer ne nourriraient pas une base ! Ce soir, nous avons appris une triste nouvelle : La noyade d'un des équipage de l'Astrolabe, les circonstances sont à déterminer... Et dire que nous en avons opéré un autre de l'appendicite à notre arrivée, le 12 décembre !

 

3 Mars 2005, le léopard rôde… :

Nous voici en mars, R4 va nous quitter sous peu, et nous allons véritablement commence l’hivernage. Il y a peu, nous avons vu un léopard de mer. Hé bien, finalement ça ressemble d’assez près à un phoque d’un point de vue comportemental c’est tout aussi…inactif...! Physiquement, sa peau est plus "argentée " et sa mâchoire allongée semble, et est, bien plus puissante. Nous en verrons trois au cours de l’hivernage. La banquise commence tout doucement à "prendre " à certains endroits. Cela forme des agrégations qu'il est commun d'appeler des "pancakes " ou "nénuphars ". Mais pour l’heure, ceux-ci se désagrègent rapidement dans les zones exposées aux vents à la houle et aux courants. D’après la carte GPS, je suis (à vol de manchot) à 17150,7Km de Brest.... Je risque d'être en retard pour le dîner !

Coté balades, nous avons fait à peu près fait le tour de l'île, dans le sens horaire, antihoraire et même en diagonale ! J'ai même conduis le 4x4 pick-up dans la neige ! C'est sport ! Je préfère le scooter des neiges qui est plus stable et rapide !

 

10 Mars 2005, un bleu glacial :

Après le temps exécrable de ces derniers jours, je me réveille sous un grand soleil. Le ciel est entièrement dégagé, mais avant de sortir du dortoir, je jette un coup d’œil au thermomètre extérieur que j’ai installé au fond du couloir : Il marque -18°C ! De plus, une bonne brise balaye la poudreuse, autant dire que ça caille sévère ! Quoi de plus naturel dans ces conditions que de s’offrir une ballade autour de l’île ! Je descends vers le pré, après avoir passé pour la première fois un caleçon long sous mon jean et la tenue de protection de coton orange que je surnomme "Casimir ". Ainsi chaudement vêtu, je me rends compte réellement du froid quand le vent arrive à traverser les trois couches de vêtements !

J’ai fait l’erreur de ne pas mettre une A couche "coupe vent ", j’arrive au niveau du pré, non loin du hangar bleu avec le visage glacé, de la buée sur les lunettes, une larme à l’oeil commençant déjà à geler ! Je me réfugie dans le hangar bleu pour de me "réchauffer " un peu. Je sais qu’il n’y a pas de chauffage dans ce bâtiment, remplis de véhicules de chantiers rangés au fond du bâtiment comme dans un parking souterrain. Mais le fait de ne plus ressentir l’agression du vent sur ma peau me réchauffe suffisamment pour pouvoir attaquer la montée menant au dortoir été. Sur le chemin, juste après être passé devant le magasin de secours, ou encore la "GI " surnommée comme telle car construit pendant l’année de Géophysique Internationale, je fais une halte à la base Marret.

Cette dernière est dans un triste état. Désenclavée de son étau de neige une semaine auparavant, nous avons entrepris de la rendre de nouveau salubre pour y passer quelque soirée raclette à l’occasion. Les murs en résine époxy n’ont par endroits pas résistés à l’emprise de la glace et sont éventrés ça et là. Le lambris habillant l’intérieur de la bâtisse s’est retrouvé défoncé par la glace s’insinuant entre les brèches du mur et ce premier. La remise en marche du chauffage à néanmoins permis de corriger le problème : l’eau fondant à permit aux bois de retrouver leur place.

 

26 Mars 2005, première sortie sur la banquise :

Nous l’attendions tous ! Cette fois, c’est "officiel " la banquise est ouverte ! Notre île s’est quelque peu agrandie, et nous aurons bientôt la possibilité d’accéder au continent quand la banquise aura atteint une épaisseur suffisante pour pouvoir supporter notre poids. Mais voici quelques photos montrant les étapes, très rapides, de sa formation :

 

Contrairement à l’eau douce, l’eau salée se solidifie autours de -1,8 degrés. Cela est causé par le sel contenu dans l’eau qui abaisse son point de fusion. La banquise est salée, plus salée même que l’eau de mer, le sel remontant à la surface de la couche gelée.

Après s’être allongé sur la banquise, des taches de sel ressortent des vêtements une fois sec. Le matériel électronique, notamment les caméscopes, de par ce sel et l’action conjugué du froid a défilé dans mon atelier au cours de cet hiver ! Par contre, si il a neigé sur la banquise, celle-ci ne parait plus salée au goût. Les icebergs, surnommés "bergs " sont constitués d’eau douce, car ils proviennent de glaciers continentaux, comme ici, l’Astrolabe. On dit que le glacier vêle des icebergs. 90%de la masse d’un iceberg est immergé. La densité de l’eau douce gelée n’étant que très légèrement inférieure à celle de l’eau salée. La fonte d’un iceberg ne fait pas monter le niveau de la mer, cela est l’essence même de la poussée d’Archimède. Par contre, la fonte de glaciers y contribue.. La neige pourrit la couche supérieure de la banquise car celle-ci qui est à zéro degré fait fondre l’eau salée. La banquise se forme à partir de -18°C et n’aime pas trop des températures au dessus de -15°C.

Donc, première sortie officielle…                                  

                                                          …Et premier accident !

Les chaussures en caoutchouc synthétique se durcissant au froid sont à éviter absolument ! Avant même de descendre sur la banquise, en dérapant sur couche de verglas entre des rochers, je tombe sur le coté tout en amortissant ma chute avec mon bras gauche. Tout va bien, juste une douleur modérée… Jusqu’au moment où je me rends compte que je suis incapable de plier mon coude. Je n’ai plus de force dans ce dernier. Là je me dis qu’il y un sérieux problème d’articulation, du genre luxation. Didier, le médecin, non loin de là, arrive et diagnostique un déboîtement de l’articulation du coude, qu’il me remettra en place immédiatement à chaud. Je continue quand même la sortie, sentant la douleur s’accentuer... Dans tout les cas il n’y a rien de plus à faire…

Et me voici le bras en écharpe pendant 48 heures, et le coude inutilisable pendant trois semaines, avec toutes les joies que cela incombe quand il faut s’habiller chaudement par exemple ! J’aurai au moins la chance de participer au développement photo de ma propre radiographie du coude, en antarctique ! Concernant cette sortie, nous avons fait 300m... Les sondages réguliers fait à la tarière nous ont montrés que la glace fait en moyenne 30 à 40 cm d'épaisseur. Je suis époustouflé par la vitesse à laquelle elle s’épaissie. Elle risque de ne pas résister pour durant ces premières semaines car il a neigé et les tempêtes ne sont jamais lointaines. Nous revenons donc à la situation de départ, telle qu’elle était lors de notre arrivée sur l’île, excepté qu'il n'y a que trois manchots empereurs occupants la manchotière, au lieu de la grande colonie d’individus avec leur petits.

 

31 Mars 2005, bidouilles, œufs et randonnées :

Depuis que je lui donne des cours d’électronique, Nicolas le pâtissier squatte mon bureau pour fabriquer un émetteur FM qu’il appellera (Radio pâteux). Au final, après quelques soucis de mise au point, ça marche ! Il est possible de le capter du dortoir et de la cuisine ! Soit une portée de 120 m environs. Cette après-midi, avec Henry et Loïc nous sommes partis en expédition, résultat, dix Kms au GPS, deux heures de marche pour une heure d'arrêt avec une photo et la pose thé conservé dans le thermos. Au cours de l’aventure, un de mes pieds est passé à l'eau là où la glace est encore fragile, et le restera, c'est-à-dire aux abords immédiats des îles. Cette zone constamment soumise aux contraintes des marées et appelée la "banquette ". Fort heureusement, l'eau n'est pas rentrée, et donc je n'ai pas eu à rentrer prématurément. Le plus dur à été sans doute de retirer ma chaussure ne fois rentré…

La chaussure et les lacets avaient congelés ! A l’occasion de paques, Nicolas s’est transformé en maître chocolatier et a moulé des œufs avec différents chocolats. Comme le veux la tradition, les œufs ont été cachés sur la base. J’en ai trouvé un durant cette terrible chasse à l'œuf ! Il a également façonné un oeuf géant de 8Kg ! Qui a fait, durant peu de temps, environ 60Cm de long. Émilie, moi et bien d’autres gourmands étant passés par la…

 

14 Mai 2005, relevé des balises :

Hier nous sommes allés pour une des premières fois à la base Prud’homme faire des relevés de balises indiquant l'état d'avancement du glacier vers la mer... On avons finalement fait demi-tour il faisait vraiment trop froid ! Le vent s’était mis à souffler. Le 20, les tempêtes de ces derniers jours ont cassé une bonne partie de la banquise. En ce moment la mer touche presque de nouveau l'île à certains endroits. Heureusement la manchotière est encore épargnée et Le premier oeuf d'empereur a été observé avant-hier.

Coté cuisine, hier nous avons mangés nos dernier yaourts. Heureusement Nicolas possède le matériel pour nous en fabriquer de très bons !

 

14 Mai 2005, le Black :

Lorsque Nicolas veut cuire ses gâteaux, que Gilles fait fonctionner les plaques électriques à plein régime et que les basses températures de ces derniers jours font carburer le chauffage à plein régime, immanquablement, le groupe ne suit plus et finit par se mettre en grève ; ce qui arriva ce 14 mai vers les 11 heures du matin. A ce moment là, je faisais une petite sieste bien méritée, ou bien une grâce matinée non moins méritée. J’entends à plusieurs reprises l’alarme de l’onduleur du routeur informatique du rezde- chaussée qui sonne et s’arrête, puis me retournant, sortant de ma douce torpeur, je constate que mon radio-réveil est éteint. En la bonne conscience et le professionnalisme extrême d’une personne chargée de veiller au bon fonctionnement des manips scientifiques à Géophy, je me lève et, sortant du "42 ", le dortoir hiver, j’entends un mélodieux son de sirène stridente provenant de la centrale. Nicolas, à quelques mètres en face de moi, sortant de la cuisine, est en train de discuter avec Claude, situé 20 m sur le chemin de la centrale. Comme toujours, les situations quelque peu équivoques font marrer Nicolas. (Ce qui au passage, me fait également me marrer).

Nicolas, entre deux fous rires, me dit qu’il n’y a plus de courant nulle part ! Je fais une petite visite à Géophy, uniquement accueillis par un fabuleux concert d’alarmes. Il faut dire que par cette belle journée ensoleillée, beaucoup en ont profités pour faire une ballade sur la banquise. Faisant mon curieux, - il n’arrive gère d’évènements de cette importance dans notre petit hameau - et après avoir constaté la mort les unes après les autres de toutes les alimentations de secours de Géophy, je passe à la centrale pour savoir de quoi il en retourne… Là je vois Taz et Arthur dans la salle des moteurs, armés de lampes torches, d’immenses plans de câblage sont étalés à leur pieds.

L’ambiance est du style "boite de nuit", avec grand renforts de sirènes et gyrophares jaunes ! Magnifique, irréel ! Nos deux comparses ont bien des soucis car ils n’arrivent pas à relancer le groupe, car les pompes de refroidissements des groupes doivent d’abord êtres alimentées en électricité ! Certes, il existe bien un circuit de secours alimentant ces pompes, mais ses batteries sont HS ! Ils cherchent donc à outrepasser ce dispositif de sécurité. Q Une demi-heure plus tard, tout était rentré dans l’ordre. Certains de ceux qui se baladaient loin de la base n’ont eu vent de l’affaire qu’à leur retour, car l’émetteur fixe de la base n’était plus alimenté ! Seuls les VHF portables – moins puissantes – pouvaient émettre ! J’ai dores et déjà passé une méga commande de batteries pour remplacer celles de Géophy… Hier soir nous avons été une dizaine à jouer en réseau à "Battlefield 1942" jusqu' à 1h du matin.

C'est la première fois que je me remettais à jouer en réseau après plusieurs mois. J’ai fini premier et 3eme sur 2 parties ! A d’autres moments, le jeu "Far Cry " était en vedette. Quelques semaines après, les jeux en réseau se sont transformés en sympathiques soirées de 8 personnes à Marret, l'ancienne et première base sur l'île des pétrels. Nous l’avons partiellement rénové pour cette occasion. Là, nous organisons nos propres repas. C’est l’idéal pour pouvoir se changer les idées et couper un peu avec le traintrain des repas à heures régulières et fixes. Loïc Guillaume, Henri et moi testons (prudemment) la glace encore fraîche…

 

4 Juin 2005, préparatifs de la Mid-Winter :

Depuis quelques jours, nous sommes en pleins préparatifs pour la Mid-Winter, la célébration du solstice d'hiver, le jour le plus court de l'année ici, dans l’hémisphère sud : le 21 juin ! La Mid-Winter est fêtée dans toutes les bases antarctiques et subantarctique.

C'est l'occasion de s’échanger entre bases des messages de voeux, et ce, quelque soit la nationalité de chacune d'elles. Nous allons re-décorer pour l'occasion le séjour et lui donner l'aspect d'une forêt vierge pour avoir un peu de verdure... Avec une fontaine, une estrade, etc. Pour ma part je suis chargé de mettre en place l'éclairage, la sono et de construire une estrade avec Sébastien, le mécanicien de précision. Je m'occuperai également de la fabrication d'un arbitre électronique permettant d'organiser des test musicaux ou divers jeux du même acabit que "questions pour un champion". Le 21 sera organisé non pas un feu d'artifice, mais un feu de la Mid-Winter (un feu de la st Jean). J'ai fabriqué un émetteur radio, qui diffuse sur une partie de la base : "Radio Adeli'r", une sorte de rire et chansons... Certains de nous, moi compris, commençons à avoir des troubles du sommeil dus au manque de luminosité, en effet le soleil se couche maintenant avant 14h30 et ne se lève pas avant 10H ! En revanche, les levers de celui-ci sont magnifiques. Depuis quelques temps, je me pose la question du "et après ?".

En effet, initié par mon séjour à Hawaii, quand je voyage, j'ai toujours l'impression de besoin de repartir et de vivre d'autres aventures, de chercher parfois plus fort même… …Quand on a pris goût au démon du voyage, celui-ci ne vous lâche plus ! J'ai fait un cauchemar l'autre jour, ou je me voyais me balader dans les rues de Brest en été, sous une chaleur étouffante. Cela peu être interprété par la fin du sentiment de liberté, de l'aventure dont nous jouissons... Enfin bref, l'Aventure appelle effectivement l'Aventure, mais trouver plus hétéroclite comme dépaysement, cela va être dur !

 

21 Juin 2005, le jour le plus… court :

En ce jour du 21 juin, Nous avons vécus la journée la plus courte de notre existence, comme nous sommes en dessous (66°40') du cercle polaire (66°34'), a à peu près 12Km, nous ne devrions pas le voir de la journée, mais le fait être en hauteur sur une île et du fait de mirages optiques du au couches d'air froides, nous le voyons de 11H00 à 14H15 ! Le soleil est d’un rouge écarlate durant une bonne partie de la journée, et parfois, une couche d’altostratus égarés rend le ciel d’un rouge irréel !

Toutes les beautés que l’on peut découvrir en ces lieux magiques m’ont donné l’envie de réaliser un programme de navigation baptisé "Landscape Explorer " permettant d’explorer l’archipel par le biais de photos prises à différents endroits dans tout l’archipel. Au final, ce grand projet occupera une bonne partie de mes sorties pendant les 6 mois restants et se composera de plus de 4000 clichés (vues Nord, Est, Sud et Ouest) caractérisant plus de 1000 sites. Par ailleurs, la vie suit son cours, dans 4 mois, nouveaux contacts avec des personnes de l’Extérieur leur lots de microbes pour nous rendre malades ! ;O) Coté relationnels, chacun reprends ses activités : le billard s'est réanimé, quand à moi je me suis mis pour faire de l'harmonica dans un petit groupe (on est 3). Nous avons "construit " une piscine avec une benne à gravats et une bâche, mais personne ne s'y est baigné malgré l'eau à 24°C : Notre consommation électrique est trop élevée : nous en sommes à 139KW pour un maximum de 140KW ! Le froid est un des responsables, et démarrer un deuxième groupe ne serait pas souhaitable pour éviter les gaspillages ! Donc pour le moment, elle à été vidée (certains bâtiments contenant de l'équipement scientifique avaient été délestés !)

Le soleil se fera discret ce 21 juin Les (suggestions) de commandes de matériel sont passées : 2000 Eur en matériel électronique et 4000 en informatique ! Il faut bien avouer que nous manquons par exemple cruellement de barrettes de mémoire !

 

6 Juillet 2005, une après "mid" glaciale :

Ce frais matin du 6 juillet nous montre que l'hiver est bien la, avec ses -31,8° ! Passé le faste de la Mid-Winter, je vais pouvoir rattraper mon retard, surtout au niveau des mails. La mid Winter, fêté dans la période du solstice d'hiver, à donc durée de lundi soir à vendredi soir et est en soit une célébration obligatoire pour je cite : "Le maintien de la cohésion du groupe " …Ou quelque chose d’approchant... Au final, nous aurons passés un temps fous à re-décorer le séjour en une ambiance "jungle " (avec du papier et un peu de chlorophylle rappelant étrangement l’odeur de la peinture acrylique). Quoi de plus naturel dans ce milieu froid et hostile. Ainsi, tout les soirs ou presque c'était la bringue, avec déguisements et tutti quanti. Pour ma part, j'ai improvisé tout du long car je n'avais pas encore terminé les préparatifs de la mid, ...pendant la mid ! Je m’affairais avec Sébastien le mécano de précision et Mathieu le polyvalent à construire une estrade et une paillote dans le bâtiment séjour, (paillote qui n'a pas encore brûlée, malgré le feu de la st jean réalisé le dernier soir et l'incendie du local poubelle il y à quelques temps de cela).

Sinon, Nicolas le pâtissier a installé les éclairages pilotés par un automate programmable, de ma réalisation (Jeux de lumières aléatoires, réveil matin, chenillards divers, blind-test pour les jeux (un arbitre électronique fabrique avec une poutrelle en aluminium sur laquelle étaient montés des boutons arrêt d'urgence en guise de champignons). Coté sono, après mise en place du matériel, nous avons joués Nicolas, Sébastien et moi au DJ plusieurs soirs de rang durant cette mid. Depuis peu, je me suis remis au jogging, je cours par -25 avec 2 caleçons longs, 2 maillots de corps long et 1 tenue de training + baskets, des gants, le passe montagne et un bonnet ! Ça suffit largement pour faire 10Km en petite foulée et c'est autrement moins fatigant que de marcher avec les bousons VTN et le pantalon VTN et les bottes Saurel ! Bref, une véritable sensation de liberté que de courir ainsi vêtu sur la banquise ! Le 5, pour continuer mon projet d’exploration virtuelle de l’archipel, j'ai pris 225 photos d'une île (Rostand) qui allait être fermée à cause du retour des Pétrels géants, de grands oiseaux au plumage gris marron, majestueux comme des albatros.

Gilles Brebant, notre cuisinier prends un jour de congé le mercredi, c’est donc à nous de faire le repas de midi et du soir. Jonathan et moi avons décidé de faire des Pizza à la carte. Bien sur Nicolas s’est chargé de la pâte. Tout le monde s’est régalé, et je pense sincèrement renouveler l’expérience régulièrement !

 

25 Juillet 2005, manchotière givrée :

Nous avons de nouveau du vent ce matin, j'ai réparé mon appareil photo en récupérant et adaptant à la lime un engrenage récupéré dans un vieux compteur mécanique. Hier j'en ai donc profité pour faire des photos des poussins Empereurs mais c’était sans compter avec les - 27°C plus le vent, de ce fait, je ne me suis pas éternisé sur la "Piafothèque " comme la nomme si bien Fabrice!

Les males chantent comme à l’accoutumée, attendant le retour des femelles et l’on distingue dans cette cacophonie le pépiement aigu des jeunes poussins qui sortent parfois la tête de la poche incubatrice (un bourrelet de graisse en fait) des parents. Ils ont la tête à peine grosse comme une balle de ping-pong ! Leur duvet est tout noir avec un cercle blanc entourant leurs yeux. Le soir, il est même possible de percevoir leurs piaillements jusque depuis la base. Mais souvent le catabatique laisse place aux jours de quiétude, sans aucun vent, permettant d’autres activités extérieures. Paul et moi avons fais du jogging avant-hier : 12Km, par - 25°C, c’était vraiment agréable sans ce damné vent ! Peu de temps auparavant, j’ai courus avec Émilie et Caroline. Moi qui ne suis pas un adepte de la course à pied, j’y prends goût, surtout avec un paysage comme celui-ci. Hier soir, Caroline et Jonathan on fait un récital, l'une au piano et l'autre à la guitare classique... Ambiance feutrée, fort sympathique. Je vais peut être rentrer à R1, comme 75% des hivernants, en fait avec quelques uns (Sébastien, Fabrice, Mathieu, Éric et David). Nous allons organiser un voyage en Australie en louant un van. Au programme : plongée, visites de l’Australie, de Sydney....

 

Fin en apothéose en faisant de la plongée sur la grande barrière de corail ! Pour mes chaussures, je vais essayer de me dégoter une paire de Saurels un peu moins "playmobil" les ancien modèles sont en véritable caoutchouc, qui ne se rigidifie pas trop avec le froid ! Ce soir, débute un tournoi de ping-pong organisé par Émilie. John en sortira vainqueur après une superbe finale dans un combat acharné l’opposant à Émilie. Le moral va plutôt bien. Par rapport à Hawaii, je ne ressens pas l'isolement, je veux dire par là que je n'ai pas hâte de rentrer, c’est presque rageant de voir les semaines et les mois passer à une vitesse inimaginable ! Durant toute l’année de curieux et spectaculaires phénomènes météorologiques se manifestent, comme ici, cette réfraction sur la couronne solaire, le 3 août vers les 15H.

 

7 Août 2005, les veilles… et l’élagage :

Je rédige cette partie de mon carnet de voyage de la centrale ou j'effectue ma première nuit... j’ai donc le temps de faire du mail de lire un peu et de regarder des DVD ("Magnolias " et "Muhlolland Drive " prévus au box-office).

En réalité je n’aurais eu le temps que de faire la moitié de ce que je viens d’annoncer ! Les relevés des niveaux (moteurs et bouilleur de production d'eau, 25 paramètres en tout) sont à faire toute les 2 heures. En cas d'alarme (feu, production d’eau ou groupe moteur) il s'agit de prévenir la bonne personne après avoir vérifié si il ne s'agit pas d'une fausse alerte. Le quart centrale est effectué principalement par le service technique de DDU, les scientifiques pouvant leur donner un coup de main, comme moi ce soir. Ce premier débute à 20H00, par la relève de la personne de quart J Couronne de diffraction centrale jour et se termine à 6H00 du matin. Il faut également mettre la table pour le petit déjeuner qui commence dès 6H pour les lèves-tôt... Hum…Je vais tâcher d'éviter de faire un "black " ! Samedi 13 août, j'ai également effectué une nuit de surveillance des manchots empereurs. Il s'agit, dans un "shelter" situé dans la partie méridionale de île (le mât Iôno), situé à 200m de la manchotière d'écouter toute les 2 heures la bande VHF. Le reste du temps est passé à dormir...

Le but est de savoir si certains manchots que l'on a équipés de balises Argos et VHF sont en train de revenir sur la manchotière. Il faut savoir en effet, que Michael, un des deux vétérinaires, travaille ici sur un programme de suivi du déplacement et de l'évolution de la température des manchots empereurs lorsqu'il sont au sein de la manchotière ou lorsqu'ils partent en mer se ravitailler en poissons et crustacés. Le couple de manchots nourrissent à tour de rôle leur petit. Ainsi, l'animal chargé de donner la béquée à son petit et de le maintenir au chaud dans sa poche incubatrice peut rester sur la manchotière près de 90 jours... sans manger ! Pour récupérer les loggueurs dont ils sont équipés, (intervention chirurgicale) il faut pouvoir les attraper avant qu'ils n'entrent dans la manchotière (pour ne pas nous, humains, y semer la panique) ou avant qu'ils ne partent à la mer. Pour faciliter le travail, je suis en train de concevoir avec Caroline un détecteur électronique pouvant indiquer si le signal de la balise VHF d'un manchot fluctue, trahissant le départ ou l'arrivée imminente d'un manchot (la portée max de l'antenne est d'à peine 20 km). Le montage déclanche dans ce cas une alarme sonore et visuelle. Le système a été testé avec succès sur le terrain.

Pour l'occasion, j'avais également le rôle de nounou car je m'occupais d'un poussin de manchot empereur recueillis temporairement et en attente d'adoption car son père est parti, faute de retour de la femelle (il avait faim le pauvre !). Le petit, avec sa tête grosse comme une balle de ping-pong de couleur noire avec un cercle blanc Émilie testant la radiodétection de manchots entourant chacun de ses petits yeux noirs se tenait debout sur ses deux pattes, son frêle corps gris ne dépassait gère 7cm. Quand je suis arrivé au mât iono, vers 23H00, il était profondément endormi dans son carton, calé contre d'anciens flacons de sérum physiologique reconvertis en bouillottes. Vers 3H du matin, il s'est mis à réclamer toutes les 2 heures de la nourriture.

Je lui donnais de la morue décongelée, trempée dans de l'eau pour l'hydrater. Il n'est pas évident au début de lui chopper le bec pour lui verser dans le gosier les bouts de poisson ! Ainsi le petit me réveillait pour les veilles VHF, qui ont été calmes, et pour cause : Le manchot attendu est arrivé avant que je commence mon quart ! Ce soir, le poussin a été adopté par un manchot sans enfant. Si il a un partenaire pour le relayer, le petit à une chance de survie sinon, il se retrouvera tôt ou tard seul et ce sera pour lui la mort par hypothermie en quelques minutes, ainsi la nature est faite. Malheureusement, sa courte vie n’aura durée que 1 mois. Il sera retrouvé mort de froid par les ornithologues sur la manchotière. Sortie par un "white out ", avec Loïc Henri Arthur et moi Pensant au retour, (il le faut bien !), j'ai entamé les démarches pour obtenir un visa temporaire Australien permettant de travailler un an là bas.

Il s’agit du "Working Hollidays Visa ". J'ai peut-être un contact à Hobart (Tasmanie) pour trouver du bouleau, ce qui me permettrait de voir un peu plus du pays ! Cette après-midi, je suis parti en ballade avec Émilie la glaciologue et Didier le météo. C'est ma première sortie depuis au moins deux semaines, il faut dire que j'avais pas mal de travail et que surtout, le temps n'était pas vraiment de la partie. Nous avons essuyés tempêtes de neiges sur tempêtes de neiges, et hier, un catabatique avec des rafales de 150Km/h et une pointe à 187Km/h enregistré à 8H00 du matin ...Pendant que je dormais... La cabane de Christophe le pêcheur, un petit "shelter " monté sur patins et placé sur la banquise au dessus d'un trou pratiqué dans celle-ci et constituant une station océanographique à littéralement volée en éclats. La force du vent était toute simplement inouïe ! Je n'ai jamais vu ça, c'était dantesque ! Partout sur la banquise, parmi les tôles et autres débris volants de feu la cabane, les plaques de neige dure, appelés salstrugies, accumulées par les jours précédents de tempête de neige se sont faites dissoudre sous l'action dévastatrice du vent, créant des volutes de fumées blanches et bouillonnantes allant s'écraser contre les îles du Zodiac situées à 4km de la base, laissant la banquise nue, en glace vive. Ça et là, de véritables tornades de neige et de vent achevaient de balayer la surface de la croûte d'eau gelée.

Une polénie (une mer intérieure dans la banquise) s'est formée - comme à chaque fois après de très forts vents - à moins de 8km de la base. L'image satellite montre qu'elle fait pas moins de 30km de large. Dans les bâtiments, absolument tout tremblait sous les rafales. Le midi, Didier le Dista nous raconta les récits des hivernant ayant connus il y a quelques années une rafale de plus de 300Km/h de vent. Ils ont entendu comme une explosion, et tout le monde était restés interdis, attendant que cela se passe ! L'anémomètre, à l'époque, s'est fait emporter après avoir marqué 327km/h. Au cour de nos ballades, nous ramasserons encore des morceaux de la cabane de Christophe plusieurs semaines après l’évènement.

 

17 Août 2005, la fin du monde ? :

Sous ce titre tout à la fois éminemment catastrophique et plein d’espoirs, se cache deux évènements : Tout d’abord, c’est ma première nuit lidar… Donc avec un peu de chance, je vais peut être réussir à tout griller avec le laser de puissance composant le système et qui est capable de percer la voûte céleste jusqu’à plus de 50km. Le Lidar, est un laser (vert) émettant vers le ciel et un télescope qui collecte une partie du rayon réfléchit par certains nuages, auquel sont couplés des détecteurs photosensibles appelés "photomultiplicateurs ". Nous employons le LIDAR pour analyser les constituants de atmosphère, notamment la couche d'ozone.

La base de DDU est située à la frontière du trou... Cet été, si le trou s’agrandie il faudra vraiment être prudent ! …Ensuite, un petit cataclysme (En exagérant un tant soit peu) pourrait s’abattre sur nous : Si le modèle de prévision météo de hier soir s'avère être exact, demain soir, ont est tous morts : Il prévoit une dépression de 940 hpa ! Avec des gradients tellement rapprochés que le modèle de prévisions, en dessinant les isobares, fait une tache noire sur la carte météo au niveau de la base ! Selon Paul, un des météo, le modèle est généralement optimiste ! Soit : Scénario le plus optimiste annoncé en cas d’exactitude : Vents estimés : Plus de 230Km/h... Vols de manchots et de base prévu ! Au final, rien de cela ne se sera produit…

Mais, toujours à cause de ces maudites chaussures, j'ai fait une chute d'une passerelle (petit bobo au genou et un plus douloureux au coude droit qui à tapé directement le caillebotis). Peu après, alors que j’étais avec David à le porter, nous nous sommes fait arracher des mains un carton contenant un gros PC en rack. Ce dernier s'est lamentablement écrasé dans une congère 2m plus bas. Heureusement, qu'il n'y avait pas de disques durs dedans ! Mais encore quelques minutes à attendre et il dévalait la falaise pour finir sur la banquise, 35 m plus bas ! Bref, tout va pour le mieux ; j'ai encore perdu un peu de poids, j’en suis à 64Kg, en majeure partie du aux ballades et à des petits déjeuners moins copieux qu’en France. Les petits empereurs montrent le bout de leur fourrure Ce soir, Caro a commencé à me donner des cours de piano. J’ai pus m’exercer tout au long de la nuit et depuis, régulièrement, ça fini par rentrer !

 

24 septembre 2005, le concours de pêche :

Les jours défilent toujours à une vitesse inimaginable, il ne nous reste guère plus de quatre semaines de solitude avant de nous retrouver une cinquantaine de personnes avec le début de la campagne d’été. Quatre semaines !

Cet hivernage passe trop vite à mon goût, mais il faut bien songer au retour à la civilisation. D’autant plus, je l’ai appris la semaine dernière, que ma demande de visa pour l’Australie a été acceptée. Cela a été bien moins compliqué et cher que celui pour les USA que j’ai obtenus deux ans auparavant. Dans le même temps, j’ai communiqué mes dates de retour à l’IPEV afin qu’ils puissent organiser l’achat des billets pour le voyage de retour. L La manchotière, peuplée d’êtres stoïques comme à son habitude J’arrive donc à Hobart en Tasmanie à la rotation de R1, le 24 décembre.

De la j’ai prévu avec Sébastien de passer le niveau 1 de plongée (Paddy Open Water) et de faire une randonnée de quelques jours, en plein cœur de la Tasmanie, dans ce que l’on appelle les "Cradles Montains " la fin de la chaîne montagneuse naissant en Australie méridionale et connue sous le nom d’Alpes Australiennes. Le 16 janvier, décollage pour Sydney, puis après quelques jours passés là-bas, destination : Cairns et la grande barrière de corail pour faire de la plongée, avec si possible une petite excursion dans le désert. Trois semaines après mon arrivée à Hobart, je chercherais du travail pour trois mois, ce qui me fera rentrer le 2 mai en France. Ça y est, la date de mon retour est enfin arrêtée !

 

Mais revenons à nos activités en Antarctique :

Samedi à 14H, se déroulait une partie de pêche organisé par Christophe l’océanographe pêcheur, celui qui a perdu sa cabane. Les plus gros spécimens de poissons les Notothenia Coriiceps, allaient être cuisinés pour le repas de ce soir. Après avoir foré à l’aide de la tarière 7 trous dans les 1M20 de banquise dans la Baie des Épaves, entre le Lion et Pétrel, nous pouvons commencer la partie de pêche. Un morceau de viande accroché à un hameçon, un dévidoir en bois avec 25m de fil, et un lest composé de deux écrous de 16mm constitue une canne à pêche high-tech qui nous permet de pêcher à 7 une vingtaine de poissons assez gros pour être mangés. A peu près autant d’autres espèces sont conservé à des fins scientifiques, et l’on ne comptait plus ceux que l’on à relâchés car trop petits. La zone grouille littéralement de poissons et souvent il ne fallait pas attendre 10 secondes une fois la ligne immergée pour que cela morde ! Pour ma part, j’ai attrapé une bonne douzaine de poissons, dont quatre ont finis à la casserole… Le Notothenia à l’aspect et le goût rappelant le Lieu jaune. Pas mauvais, ma fois.

22H45, je vais aller faire un peu de piano. Je progresse finalement assez vite… Caro est une bonne prof !

 

4 octobre 2005, il est grand temps de vous présenter le berg bleu :

La Nature est talentueuse et cache encore souvent des trésors insoupçonnés. Ce trésor nous l’avons trouvé, il a dérivé sous nos yeux lorsque la banquise ne s’était pas encore formée et bientôt, nous avons pus nous lancer à sa recherche, espérant qu’il ne s’était pas trop éloigné. Environ 10km de la base, c’est une distance raisonnable. Il se tient là, à demi caché derrière de grands massifs de glace menaçants…

Nous l’avons trouvé : Le berg bleu. Superbe, immense, invraisemblable ! Imaginez une petite montagne blanche, arrondie et polie striée sur une large partie de sa façade méridionale par des nuances profondes allant du bleu au vert. Certains le considèrent comme un lieu de pèlerinage, je trouve qu’ils ont raison, il y a de quoi ! Ce Berg Bleu j’y suis déjà allé de nombreuses fois, sans jamais me lasser. Mais… Comment une telle merveille à pus se réaliser ? L Le Berg Bleu dans toute sa splendeur ! La réponse nous est apporté par Émilie la glaciologue. Sans rentrer dans le détail je vais vous résumer les faits. Le berg bleu, comme tous les icebergs a été vêlé par un glacier, ici celui de l’Astrolabe. Lorsque le glacier (constitué de glace d’eau douce, donc qui flotte), glisse du continent sur la mer, il se forme des craquelures, des failles dans lesquelles une eau pauvre en sel, issue de la fonte très partielle (la glace sous pression fonds en dessous de zéro) de la base du glacier immergée dans les profondeurs, s’engouffre et regèle puisque la pression dans ces craquelures en surface diminue.

 

Cette eau, dans sa phase liquide, est en contact avec la mer (elle-même liquide) et se charge légèrement en sel tout en remontant à la surface (l’eau douce est moins dense (lourde) que l’eau salée et ne se mélange pas, ou peu à cette dernière.

  

Une fois en surface, notre eau douce regèle dans les cavités, formant les strates bleues du berg ! La glace est bleue car dans sa phase liquide, notre eau a perdu ses bulles d’air emprisonnées lorsqu’elle était sous forme de glace. La glace bleue est simplement de l’eau douce qui a dégelée puis regelée en chassant ses bulles d’air emprisonnées Selon la lumière, le berg bleu peut paraître …vert !

 

8 octobre 2005, 3 semaines de tempête :

La base est ensevelie sous la neige, il y a une congère de 2 m devant la porte du séjour !

Voici la photo de la mission faite ce soir, où le soleil s'est enfin décidé à sortir après trois semaines de tempête ! Pour un temps, je me serais crus en Bretagne avec tout ces jours… De mauvais temps.

 

21 octobre 2005, le début de la fin :

Je suis un peu fatigué, il faut dire qu’il est 4H du matin, je suis à la centrale ou je vais une veille. Température : -15°C la nuit, zéro le jour en plein soleil, nous avons du beau temps, avec un peu de vent de temps à autre. En l'espace de quelques semaines, le soleil se couche de plus en plus au sud, et il ne fait nuit noire qu'à partir de 22h ! Vers 2 h du matin on vois l'aube!! Les vampires ont des soucis à se faire ! Autre fait marquant, l'arrivée hier du premier manchot Adélie ! Celui-ci est venu faire son nid sur le tas de cailloux entre le dortoir et le séjour. Il semble s’ennuyer tout seul sur son tas… Mais rassures-toi petit manchot, bientôt des dizaines de milliers de tes petits camarades viendront te rejoindre et vous pourrez faire des batailles acharnée de revendications de propriétés foncières. J La photo de la 55eme mission en Terre Adélie Sébastien et moi avons construis un caisson étanche avec des pièces récupérées dans divers rebuts. J'ai testé le caisson d’abords sans puis avec mon appareil photo en mode film dans un trou fait la banquise. La profondeur atteinte est de - 41m ! Le film obtenu permet de distinguer la banquise, quelques poissons, le fond et ses coquillages. De plus on entends les chants de phoques (D’étranges sortes de "Iiou...Iiou.......... ").

Bref une expérience à renouveler... surtout en Australie sur la grande barrière de corail. Coté arts culinaires, je me suis essayé aux palmiers (Réalisés avec de la pâte feuilletée sucrée). Nicolas a donc été de bon conseil. Mais Loïc s’est également mis à la pâtisserie quelques semaines plus tôt. Le bateau de R0 arrive dans 10 jours avec le courrier et les produits frais. Ce qui veux dire qu’il ne me reste gère plus qu’ un mois et demi ici, puis 3-4 mois en Australie retour en France fixé au plus tard le 2 mai!

 

8 novembre 2005, l’hivernage est terminé ! :

Le 26 septembre, l’Astrolabe était bloqué à 100km de chez nous, mais finalement, les nouveaux arrivants ont débarqués en hélicoptère il y a quelques temps de cela, à l’occasion d’une éclaircie.

Les manchots Adélies profitent également du tumulte pour s’immiscer sur notre île et nous envahir, mais pas de la façon la plus discrète qu’il soie ! Pour l’heure, les bouleversements de R0 se sont à peu près terminés. Visiblement, nous passons encore pour des êtres "civilisés ", contrairement aux évènements (Les émeutes) qui ont l'air de se dérouler en France, il suffit que l'on vous laisse un an tout seul et voila ! C’est la pagaille ! J’avais tout d’abord cru à une farce d’une personne d’ici ayant écrite une fausse dépêche AFP ! Coté nouvelles, le soleil se lève maintenant à 3h du matin, il ne fait plus nuit noire depuis 1 bon mois. J'ai tourné de superbes images sous l'eau avec le caisson ont y voie des focs et des manchots nager près d’un iceberg. A cette occasion, j'ai réparé mon appareil photo (bruits suspects dans la mécanique, dus à un engrenage fêlé) et je l’ai amélioré en le dotant d’un système de déclenchement à distance, piloté magnétiquement. Aucune modification n’apparaissant donc sur le boîtier. Ainsi je peux déclencher la mise en route et l'enregistrement d’une vidéo ou d’une photo sans avoir à ouvrir à chaque fois le caisson… Sous l’eau. Par ailleurs, toute la famille qui est passé de 26 à 45 personnes se porte bien.

Les températures ont remontées, l’été est bien là avec des passages fréquents au dessus de zéro, entraînant des fuites d’eau dans le toit de Géophy qui se révèle être un vrai gruyère ! Les nuits restent toutefois relativement "fraîches " avec un petit -10, bien doux par rapport à l'hiver dernier. L Aujourd'hui j'ai aidé Henri à effectuer ses mesures du magnétisme terrestre, il fait des relevés à l'aide d'un théodolite (les appareils de visée jaunes montés sur trépieds utilisé par les géomètres...). Une cérémonie de mesures précédées de calibrations bien complexes… Coté véhicules, j'ai eu l’occasion de conduire sur la banquise le Cassbäuher : C’est une dameuse, et je vais essayer de participer au pré acheminement des caravanes du Raid (70km dans le continent).

Le premier Raid pariera vers le 18. Une fois le fret déchargé, nous mangeons de bons fruits frais (des Kiwis murs, des oranges...), mais également des yaourts du lait frais et de la salade. Hum !

 

17 novembre 2005, le pré acheminement du Raid :

Le premier Raid vers Concordia pour cette année débutera dimanche prochain, 20 novembre, sauf incidents. Les trois Raids ayant lieu pendant la campagne d’été visent à ravitailler la base de Dôme C (Ouverte pour la première fois cette année durant un hivernage) en fret de lourd tonnage comme le carburant, les denrées non périssables ou le gros œuvre lors de chantiers d’agrandissement et d’aménagement. Le personnel et les produits frais sont acheminés par avion depuis la base italienne de Terra Novae. L'apéritif par +5°C avec Paul Quelques jours avant, un pré acheminement de matériel est organisé afin d'alléger le convoi lors de la première journée de voyage. En effet, le relief est très prononcé aux abords du continent, et sur les premiers 50Km, on grimpe à 1250m.

Pour donner à ceux qui ne participent pas au Raid un bref aperçu du paysage et des conditions dans lesquelles les voyageurs seront confrontés, priorité pour participer à ce pré acheminement est donnée aux hivernants quittant la base pour R1 (vers mi décembre), ne pouvant donc participer au deuxième et troisième pré acheminement lors du second Raid et dernier Raid de la campagne d’été. Loïc, Émilie, Arnaud, Ollivier, Éric, Didier, et moi en faisons partie. Henri, qui fera le second et le 3eme Raid, nous accompagne également. Le départ de DDU est fixé à 7H30 du matin. Nous y serons de retour en début de soirée vers 20H15. Après un copieux petit déjeuner, nous grimpons dans le "Flexmobil ", un engin à chenilles Italien ressemblant à un petit fourgon. Vers 8H00 nous montons par groupe de deux dans les "Challengers ", de gros tracteurs australiens Caterpillar de 300 chevaux, adaptés aux conditions extrêmes qui peuvent régner sur le continent glacé. Katel et moi montons dans le numéro 7. Le convoi est ainsi formé de 5 tracteurs plus le "Cassbauher " (la déneigeuse) qui ouvre la voie ou plutôt redécouvre la route des précédents Raids. Cette piste qu’ils tentent de retrouver chaque année, enfouie sous quelques centimètres de neige durcie pendant l’hiver. Il est important pour eux de retrouver cette route de neige tassée par les années de passages des convois, car à certains endroits, notamment vers la fin du parcours, coté Dôme C, si l’on s’éloigne de la route, ne serais-ce que de quelques centimètres, on peut s’embourber jusqu’au cous dans une neige rendue très poudreuse par l’extrême froideur et sécheresse de l’air. Chaque année, sont déployés des trésors d’ingéniosité Le tracteur challenger et ses 300 chevaux sous le capot (et d’euros !) pour tenter de retrouver la piste des années précédentes : GPS différentiel, caméra infrarouge, détecteur de crevasses…

Ainsi notre mini périple nous fera nous enfoncer de 53 Km à travers le continent, cap au sud-ouest en direction de Dôme C. Destination : D47, appelé "point de départ du Raid ", car c’est à cet endroit que le convois sera complété par les charges les plus lourdes que nous aurons ramenés jusqu’ici. Le "Cass " part donc en premier, suivis de notre "Challenger ", le numéro 7, tractant 1 citerne de 12 mètre cube de gazole, et une remorque avec des cuves de kérosène pour la même quantité. Les 4 autres véhicules nous suivent séparés chacun de quelques dizaines de mètres : Émilie, Arnaud, Ollivier, Jean Michel, Loïc et enfin Éric qui est tout seul aux commande de son tracteur. Mais bientôt Eric prends du retard et se fait distancer de plus de 400m. Nous réduisons notre allure, passant de 12 à 7Kmh pour le laisser nous rattraper. Deux heures et demie plus tard, Eric nous appelle par radio pour nous prévenir que son témoin de carburant vient de s’allumer : Il est sur la réserve ! Cela semble absurde car leurs réservoirs de 700L permettent aux "Challengeurs " de rouler pendant 12 heures !

Le convoi s’arrête, et force de constater que le réservoir d’Éric est bel et bien quasiment à sec… 34Km après le départ ! Il n’y a gère le choix, celui-ci est obligé de faire demi tour, après lui avoir dételé sa remorque, en espérant qu’il ai assez de carburant pour rejoindre Prud'homme !

Problème : nous sommes à ce stade hors de portée VHF avec la base, de plus Éric n’a pas de GPS dans son véhicule (contrairement aux autres). Nous le laissons repartir continuant de progresser vers D47. Il reste en contact radio avec nous et parallèlement, essaye de joindre la base. Mais lorsque à notre tour nous perdons le contact avec lui, il n’a toujours pas réussi à joindre celle-ci ! Plus tard, nous apprendrons que finalement il est tombé en panne à, à pêne quelques kilomètres de la base, qu’il a réussi à joindre par radio pour se faire dépanner. Poursuivant notre chemin au travers de ce véritable Désert, au sens littéral du terme, agrémenté de temps à autre par de trop rares artéfacts humains nous indiquant la route à suive, nous sommes ébranlés par les bosses et les creux de neige façonné toute au long de l’année par les vents de l’hiver. Quelques kilomètres précédant l’endroit ou nous avons laissé Éric, la mer à disparue de notre champs de vision, seule la langue de nuages aux couleurs anthracite de la dépression passant au dessus de l’archipel nous rappelle vaguement que celle-ci est dans cette direction. Nous voyons ce que les "Raideurs " verront durant les 11 jours les menant à Dôme C :

Un désert blanc, où rien ne vient contraster avec la blancheur de la neige, ou aucun cailloux ne peut être ramassé en souvenir, cela, qui sont blanc et formé de neige, fondent en quelques minutes une fois en poche ! Souvent, le "Cass " qui nous distance de parfois quelques kilomètres, prends le temps de revenir passer une seconde fois la lame sur la route défoncée que nous suivons. Bientôt, nous celui-ci nous prévient par radio, vers 15H30, que nous sommes arrivés et que nous devons attendre qu’il aménage un parking pour les containers et les citernes. C’est ainsi, perdu au milieu de nulle part, que nous terminons notre route laissant nos quelques chargements à l’abandon, au milieu de ce désert froid et sec. La température est encore assez clémente malgré la présence de vent : entre -15 et – 20 degrés. J’en profite pour faire un petit tour vêtu uniquement de mon sweat polaire. Le retour se passe sans encombres, nous sommes un peu plus - terriblement, en fait - secoués qu’à l’aller car nous n’avons plus de charge pour nous "stabiliser ".

De plus la déclinaison du terrain autorise une vitesse plus élevée. Enfin, le passage de la caravane a quelque peu entamé la piste... Force de constater qu’au delà de 15 Km/h, les secousses sont intolérables pour boucler les 50Km restants.

 

17 décembre 2005, la "der des der " :

Cette fois nous y sommes, le bateau mouille entre le Lion et Pétrel depuis une semaine et s’apprête à reprendre la mer, mais cette fois je ferai partie du voyage. Suivant toute logique dans ces moments là, la journée passe en un éclair. Tout comme la dernière semaine, tout comme le dernier mois... Le matin, après une dernière soirée bien animée, sans être trop arrosée, qui s’est terminée à trois heures du matin, je suis réveillé par le bruit de l’hélicoptère qui passe juste au dessus de l’atelier d’électronique où j’ai élu domicile (dans un hamac). Après une bonne douche, je finis de boucler mes valises, de triller mes affaires et surtout dans un premier temps de les rassembler, car disséminée dans tout le laboratoire de Géophy. Ce n’est pas une chose aisée sachant que nos remplacent ont investis les lieux. Je tiens encore le "labo élec. ", au pire, je pourrais toujours me replier dans la pièce à coté, j’ai des vivres et… C Plus sérieusement, le départ approchant "On parle de 20H30… " Je pars faire une dernière fois le tour de l’île pour prendre les photos qu’il me manque pour finir mon projet.

Le temps est maussade mais je n’ai plus guère le choix. 268 clichés et quelques heures plus tard, cette fois ça y est : objectif remplit, j’ai "cartographié " l’archipel de pointe géologie avec plus de 4000 clichés, correspondant à 1000 points d’observation, que je vais maintenant devoir rentrer dans le programme "Landscape Explorer " pour pouvoir organiser des ballades virtuelles dans l’archipel, les îles et ses bâtiments ! Mais voici déjà l’heure du repas ! Les photos sont sauvegardées sur DVD, le courrier envoyé, les valises rassemblées dans les cages palettes… Le dernier repas se passe comme d’habitude, mais le visage de beaucoup est ému, ceux partant comme ceux restants.

La fatigue des soirées, de cette journée et de plusieurs évènements récents me mettent dans le même état d’esprit. Après le dîner, nous nous rassemblons sur les caillebotis menant à la DZ. Certains sont partis à pied au bateau, voulant éviter les "adieux ". Je reste, saluant tout le monde, puis mon tour d’hélico arrive, je suis le dernier, seul. Profitant de l’occasion je demande à Olivier le mécanicien hélico de me faire le "grand jeu ". Il prévient par VHF Lilian, le pilote. Et quelques centaines de mètres plus haut dans le ciel, j’ai la sensation d’incarner un pilote de vaisseau dans StarWars ! Nous faisons un immense plongeon vers le continent, puis après une remonté spectaculaire suivant de virages à près de 90°, nous fonçons sur la base, puis survolons le Lion en un éclair avant d’effectuer une descente rapide sur la DZ du bateau ! Sublime ! Un pré départ en apothéose !

Des hivernants nous rejoignent sur le Lion, d’autres avec une embarcation, enfin quelques uns se rassemblent sur le cap de l’île faisant face au bateau. Vers 21H30 heures, sous un ciel menaçant, les aussières sont larguées, le bateau se met en branle… Un dernier barbecue avant le départ

 

Épilogue :

Le départ est émouvant, Fabrice donne à Henri son fameux blouson orange fluo "Coflex" des plateformes pétrolières ; ça et là, on crie, on se fait des signes de la main tandis que le bateau entame sa manœuvre de retournement. Des fanaux sont allumés, une fusée de détresse lancée, des banderoles et autres drapeaux sont déployés. Tel des voyageurs courants sur le quai d’une gare après leur train, un groupe nous suit dans un 4X4 et un autre avec le tracteur, tandis que nous longeons le Lion.

D’autres font de même, en face, sur l’île. Tous sont émus, certains même pleurent, le bateau salue, nous prenons la mer, quittant ce bout de rocher qui aura été notre "chez nous" pour un an de notre vie. Ça fait drôle. Bientôt nous doublons la Dent, les îles DuMoulin, la Baleine où j’allais faire du footing, puis Débarquement, l’île où Dumont d’Urville débarquât. Quelques minutes plus tard, nous franchissons la limite au delà laquelle je n’étais jamais allé ; mais la mer redevenue liquide à tout changé, emmenée les bergs, je ne reconnais plus grand-chose. Cette fois je tente la traversée sans prendre de médicaments contre le mal de mer. Cette dernière est plutôt calme, je dors la première nuit une douzaine d’heures, les émotions et le reste des dernières soirées y sont sûrement pour quelque chose…

 

Il est 23H24, heure de DDU, le dimanche 18 décembre 2005. Je suis dans le salon, bercé par le roulis, certains regardent un DVD, d’autres jouent aux cartes.

Dehors, il recommence à faire nuit, nous gagnons des latitudes plus clémentes. Ainsi se termine cette formidable Aventure, et en commence une autre : L’Australie. Nous perdons une forme de liberté pour en gagner une autre.

 

FIN

 

Programme RAYCO, imagerie des glaces, maintenance, et Administration réseau

Bonjour à tous, Mon nom est Matthieu Weber, en 2005,j’ai 26 ans et je viens de terminer mes études d’ingénieur en informatique et en électronique. Je suis le responsable du réseau informatique de la base de Dumont d’Urville en tant que volontaire civil à l’aide technique, de plus, on m’a chargé d’effectuer la maintenance de divers équipements électroniques (effets personnels ou professionnels) et de m’occuper d’installations comme le détecteur de rayons cosmique "RAYCO " et la station d’imagerie satellite "HRPT ".

En tant qu’administrateur réseau, je dois veiller au bon fonctionnement du réseau reliant les ordinateurs (il y en a plus d’une centaine) de la base entre-eux, et à m’assurer de la bonne marche de ceux-ci. Ainsi, si un utilisateur rencontre des difficultés par exemple, pour envoyer des E-Mails, je vais l’aider en lui montrant la marche à suivre. Le réseau informatique est très important, c’est par lui que transitent toutes les données qui sont récoltées par les scientifiques de la base et envoyées en France via une liaison satellite. Il permet l’échange de fichiers entre ordinateurs, l’envoi des E-mails. Mon travail m’oblige souvent à me déplacer chez la personne ayant un problème, et de ce fait, cela me permet de rencontrer à peu près toute les personnes travaillants dans la base et ainsi de mieux les connaître.

Une partie de mon travail consiste également à surveiller un détecteur de rayons cosmiques dans le cadre d’un programme mis en place par l’Observatoire de Meudon, appelé RAYCO. Les rayons cosmiques sont des particules de gaz ionisées (du gaz chargé électriquement), émises par le soleil et les autres étoiles dans l’univers. Ces particules se déplacent extrêmement vite : entre 300 et 800 kilomètres par secondes ! Cela forme ce que l’on appelle le "vent solaire ". Ces particules arrivent sur Terre en parvenant plus ou moins à traverser le champ magnétique terrestre. Le champ magnétique de la Terre (celui qui nous indique le nord sur la boussole) nous protège contre ces particules dangereuses. Sans lui, il n’y aurait pas de vie sur Terre ! Les particules qui ont réussi à parvenir sur la Terre sont comptabilisées par ce que l’on appelle un compteur à neutrons ou bien encore un détecteur de rayons cosmiques. Le comptage de ces particules se fait sur des périodes de 5 minutes, et nous permet de surveiller l’activité du soleil (on néglige l’influence - très faible - des autres étoiles de l’univers).

Ces données sont transmises à l’observatoire de Meudon près de Paris. Il arrive parfois ce que l’on appelle des éruptions solaires : Le soleil a un pic d’activité : Il émet une grande quantité d’énergie dans l’espace qui touche de plein fouet notre planète. A ce moment là, le champ magnétique terrestre se déforme en encaissant le vent solaire, provoquant différents phénomènes spectaculaires tels que les aurores boréales dans l’hémisphère nord et les aurores australes dans l’hémisphère sud. Bien sûr, il faut pour cela qu’il fasse nuit à ce moment là, ce qui n’est pas encore le cas en ce moment (24 janvier).

Ces éruptions solaires appelées aussi "orages magnétiques " sont cause de perturbations dans les télécommunications : radio, télévision, satellite. Mais rassurez-vous : Bien que ces phénomènes puissent être impressionnants et causer des dommages aux satellites artificiels, ils ne présentent pas de dangers pour l’homme. La station d’imagerie des glaces est constituée d’une antenne satellite (semblable à une parabole permettant de recevoir la télé, mais en bien plus grand, et capable de se mouvoir toute seule à l’aide de moteurs). Des satellites situés au-dessus des pôles terrestres, munis de caméras prennent en continu des photos de la portion de terre au-dessus de laquelle ils passent. Ils émettent en permanence vers la terre par ondes radio, les images qu’ils photographient de celle-ci.

Quand un satellite passe au-dessus de Dumont D’Urville, notre antenne "suit " celui-ci et récupère donc les images des environs de la base (quelques milliers de Km carrés). Les clichés, en lumière visible et infra rouge, permettent aux météorologues de localiser les nuages et leur type (qui sont plus froid -60°C, que le reste (glace mer…)) et donc d’améliorer leurs prévisions météorologiques. L’image des glaces sert aussi à l’Astrolabe, le bateau acheminant hommes et matériaux à Dumont d’Urville, pour trouver sa route parmi le pack de glace de mer se formant autour de la base durant l’hiver. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me contacter !

Matthieu Weber                     

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